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Le secret des Amandiers de Chantal Adam

Commençons par l’objet, le livre papier. Il est plutôt bien imprimé ( 200 pages ), avec une couverture attrayante, un pitch alléchant, mais… j’ai beau chercher, je ne trouve nulle part de biographie de l’auteur, ni l’annonce qu’il s’agit de son deuxième ouvrage. Pas d’adresse mail , ni de référence à un blog non plus ! C’est dommage. Autres petites remarques : l’espacement du haut de page me semble un peu étroit et comme d’hab’ le prix du bouquin trop élevé, 19,70 euros ! Mais hors ça, c’est un bel objet, tout à fait à la hauteur de ce qu’on attend généralement d’un grand éditeur. Point.

Dans les livres de Chantal Adam ( souvenez-vous de son premier ouvrage ‘l’aquarelle bleue ‘ ) il y a toujours une histoire policière compliquée, voir touffue, dont on ne saisit les arcanes que dans les toutes dernières pages. Inutile de tricher et commencer votre lecture par la fin, vous ne comprendriez rien. Car l’auteur adore mélanger les cartes, imaginer de fausses pistes et se lancer dans de longues digressions pour en fin de compte vous roulez dans la farine. J’en ai encore le nez tout blanc.

Je résume. Non, j’essaie de résumer.

Un ou une psychopathe particulièrement givré(e) sévit sur les plages naturistes proches de Barcelone, où il ( elle ) traque les jeunes homosexuels qui y pullulent, à la recherche de rencontres faciles et fortuites. Jusque là rien de bien particulier, sinon que notre personnage ( homme ou femme ) tue ces minets en les faisant jouir puis… en les embaumant à la manière des égyptiens de l’ antiquité. Rien que ça. Et je vous épargne les détails…

Si après ça, vous n’êtes pas au moins intrigués et impatients d’ouvrir le livre, c’est que vous êtes ,vous aussi, morts sans le savoir. Il ya bien sur des inspecteurs, une enquête qui piétine, des scènes croustillantes d’un érotisme parfois torride… mais je ne suis pas dupe.

Chantal Adam écrit aussi et surtout pour parler de ce qu’elle aime le plus : les pays où elle a vécu et qu’elle décrit de façon magistrale. Je n’emploie pas cet adjectif comme ça, pour faire de l’esbrouffre, mais parce que je le pense.

Déjà dans l’ « Aquarelle bleue », j’avais été frappé par ses descriptions fidèles et poétiques de la Meuse et des petites cités ouvrières qui s’agglutinent le long de son cours. Ici l’ action se déroule en Catalogne mais c’est idem. On sent qu’elle connaît cette région comme sa poche et l’aime d’amour. Les vignes, les caroubiers, les palmiers, les terres jalonnées de rocailles, les maisons à flan de coteau aux ardoises de schiste et les amandiers bien sur, dont le fruit amer émerge de magnifiques fleurs blanches.

Le tout rédigé dans un style brillant que je comparerais à celui d’Edmée De Xhavée ( ça n’ implique que moi bien sur ) et un vocabulaire d’une richesse qui laisse pantois. Pas étonnant dès lors que ce livre vienne d’être traduit en espagnol pour être publié sur place. Seul exemple du genre, à ma connaissance, chez Chloe des Lys.

Je ne résiste pas au désir de vous proposer quelques lignes en exemple, histoire de vous donner le ton. « … des félins vergetés aux yeux fendus… », « … une petite croix flavescente à la boutonnière témoignait de son appartenance à la Sainte mère Eglise. »

Et cette représentation quasi photographique d’une petite taverne : « Extérieurement, l’estaminet ne paie pas de mine, mais l’intérieur art déco dégage un charme vraiment spécifique. On y accède par des portes tourniquet de bois troués de petites vitres. L’immense comptoir et son présentoir à tapas occupent toute la longueur du café sur sa partie gauche. Le reste de l’espace est divisé en compartiments qui font penser à de petites loges séparées par des cloisons basses de bois surmontées de vitrage ciselé. Tous les meubles sont de style bistrot : les tables rondes en pierre au piétement de bronze, les chaises en bois cannelé. L’entièreté des murs est recouverte d’affiches 1900 soigneusement encadrées. » Ca vaut 9/10.

Une dernière remarque, utile. Comme tous ces personnages sont espagnols avec de noms à tiroir, il est prudent de prendre quelques notes au fur et à mesure de la lecture, au risque de ne plus savoir qui parle et à qui…

Ah avant d’en finir… Le, la ou les meurtrier(e)s ne seront pas ceux ou celles que vous croyez et leur(s) motivation(s) bien différentes de ce que imaginiez. Je suis prêt à parier ma première cravate de communion.

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Chloé des Lys

Une petite maison d'édition dans le Hainaut qui est la mienne : link
Le boss à Tournai la page 2007.

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